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le blog de marcel tauleigne
18 février 2016

(c) Histoire de temps anciens. 3e partie.

Récit extrait d’un Chapitre de : ’’ Lettre à Jules’’

                                                                       3e épisode         

Résumé sommaire des deux premières parties.

Etienne

 

                           Je vais sur mes treize ans. Nous sommes à la sortie de la deuxième guerre mondiale et comme certains enfants issus de milieux pauvres en particulier, je suis ‘’ loué’’ les trois mois de vacances scolaires pour garder sur les plateaux ardéchois le petit troupeau d’une famille de paysans de montagne. Depuis plusieurs saisons déjà, mon Père m’accompagnait à Chevalet dans la ferme des Chambon entre la Souche et la Croix de Bauzon.

        Cette année 1951, sans qu’il m’en fut donné de raison, je suis changé de lieu et c’est à La Palisse, tout près du lac d'Issarlés.

 

Photos pour l'article sur Etienne 004

Le lac d'Issarlès est le plus profond de France avec ses 138 mètres.

 

          Je découvre en arrivant chez les Bastides que la chambre dans laquelle me conduit la Victoria est meublée de deux petits lits. Sur le bureau jouxtant l’un des deux, des livres et des cahiers m’indiquent explicitement la présence d’un autre enfant.

        Rapidement, ma surprise va être de constater que le garçon qui m’est présenté n’est pas celui que j’attendais. C'est-à-dire quelqu’un avec qui je pourrais jouer, courir, pouvoir avec lui garder le troupeau, grimper aux arbres, faire des cabanes. Etienne n’est pas un garçon comme les autres, il est malade. Je sais maintenant qu'il est la raison de mon changement de famille.

      Etienne montait de Marseille chez les Bastides depuis plusieurs années pour s’y reposer et venir y respirer un air vivifiant. Ayant refusé un nouveau départ s’il n’avait pas un camarade avec lui, un concours de circonstance fit de moi celui qui allait l’accompagner durant cette estive.É

                                                                                                                                                               Photos pour l'article sur Etienne 003

Ferme ardèchoise, côté entrée du fenil.

                                                  

Insolite mission.

                    Ma mission auprès d’Etienne, les tâches à accomplir à la ferme, mon poste de vacher, tout cela m’était devenu à présent familier. Contrairement à mes débuts aucune de ces exigences ne me pose aujourd'hui de problème, y compris la toute dernière, celle concernant la grande toilette !

       Cinq semaines de passées sans que le sujet n’ait été abordé une seule fois et voilà qu’aujourd’hui, il nous ait demandé de façon péremptoire de faire notre toilette en entier ! Jusqu’à présent nous nous en tenions à un dépoussiérage fait au gant de toilette dans ce qui avait été un lavabo de chambre d’hôtel, récupéré sans doute lors de la dernière réfection de celui de Saint-Cirgues. Le retard pour ce grand jour serait à imputer aux porcelets qui ne pouvaient pas encore être lâchés à l’air libre, trop fragiles, nous a dit le Fernand pour supporter la fraîcheur de la nuit !

       La salle de bains qui venait de nous être affectée se trouvait de fait dans la porcherie. Un petit bâtiment accolé au corps de ferme et dont l’accès se faisait par l’extérieur. Un nettoyage rapide en avait enlevé les excréments du sol, mais la rigole destinée à l’écoulement du lisier continuait à distiller les senteurs du terroir !

      Luxe suprême offert par le père Bastides, il avait enduit les murs en torchis d’une couche de chaux vive. Le travail avait été réalisé à la va-vite, les défauts de peinture en témoignaient. Ils laissaient apparaître des tâches à la couleur brunâtre qui caractérisaient sans doute possible la nature du reliquat!

       Aux réflexions d’Etienne qui pourtant se voulaient drôles, le Fernand avait fini par se fâcher. En fait, il était plus vexé qu’en colère.

--Si tu n’es pas content, tu n’avais…/

       Puis il s’est arrêté net de parler prenant sans doute conscience de ce qu’il allait dire. Alors pour donner le change, il se rattrapa en lançant d’une voix radoucie :

--Reconnais tout de même que c’est mieux que rien et bien mieux qu’avant--.

       Effectivement, comme il y avait plus de blanc que de marron sur les murs, Etienne a convenu que c’était mieux que….

      Il y avait tout près de l’auge, campé sur un trépied, un grand chaudron de fonte aux parois noircies. Tous les samedis en fin de journée le récipient dont la Victoria s’activait à redonner un semblant de propreté, devenait, ponctuellement, notre baignoire ! Et l’occasion pour moi de prendre mes premiers vrais bains, ceux dans lesquels je pouvais un peu barboter !

      Le reste de la semaine, il servait à la cuisson des pommes de terre et des betteraves pour l’alimentation des petits cochons  !

        Chez moi, il n’y avait pas de salle d’eau. Au fond de la pièce principale de notre maison un réduit que l’on appelait la gatouille en faisait office. L’hiver je me lavais dans un baquet. Droit dedans, seulement les pieds au niveau des chevilles arrivaient à être recouverts et c’est avec les mains que je m’arrosais le corps de l’eau nécessaire pour me savonner. Un second temps m’amenait à devoir renouveler ce mouvement de noria afin de m’inonder de l’eau de rinçage. L’été où le bain n’avait pas à être chauffé, c’est dans la pile en béton posée directement sous la pompe que je faisais ma toilette.

       Allumé par le Fernand, le feu mis sous le récipient faisait monter en température une centaine de litres d’eau. Le bain était pour nous deux, c'est-à-dire dans la même eau, mais pas ensemble. Un interdit sans appel avait été prononcé à l’unisson par les Bastides à ce sujet. Privilège au seigneur des lieux, Etienne passera le premier. Clairement, le règlement énoncé par le couples s’affichait comme étant incontournable.

       Approcher le chaudron, arriver à se glisser à l’intérieur était une mission qu'Étienne ne pouvait pas accomplir seul. Deux pierres mal calées posées l’une sur l’autre faisaient office de marchepied destiné à rattraper le niveau. Les escalader demandait un minimum d’équilibre qui lui faisait défaut. Etienne avait refusé, d’un ton catégorique, que Le Fernand s’occupe désormais de son bain. Ce dernier, visiblement vexé, me confia la tâche, en même temps qu’il adressait à Étienne des propos marmonnés et suffisamment brouillons pour ne pas être audibles. J’étais dans un premier temps tenu de l’assister pendant l’ascension de l’obstacle, l’aider à enjamber les rebords de la grosse marmite afin qu’il arrive à destination sans encombre.

      Je ris en écrivant ces lignes et parallèlement ces souvenirs m’attristent tellement ils sont empreints d’une vérité poignante. Cet exercice représentait pour nous deux des manœuvres périlleuses dont la Victoria et son mari n’avaient sans doute pas anticipé tous les risques.

     Éveillés au danger, mais assez fous pour le braver, combien de fois avons-nous frôlé la catastrophe. Mon inexpérience en la matière et pour la toute première fois, ma gêne à devoir empoigner le corps nu d’Étienne, nous amenèrent à devoir affronter des situations délicates. A combien de reprises fûmes-nous à la limite de nous retrouver tous les deux au sol ou pire encore, tous les deux, la tête la première dans le chaudron. Des braises encore rouges présentaient un risque supplémentaire en cas de chute. Enfin mille précautions devaient être prises pour qu’il n’ait pas de contact avec les bords extérieurs du récipient afin de ne pas le voir se maculer de suie.

       Après les maladresses qu'Etienne me demanda de corriger, je devins opérationnel dés la semaine suivante.

       Des frayeurs, mais surtout des fou-rire me restent en mémoire de ces séances que le Fernand devait interrompre régulièrement en venant taper la porte de ses gros poings. Le temps du bain, nous savions qu’il virait aux alentours de la porcherie. Il était là sans doute pour notre sécurité, mais également comme responsable de notre moralité. La Victoria avait fait à ce sujet des allusions troublantes. Ce chahut devait l’intriguer lui faisait sans doute se poser mille questions, mais il ne se risquait pas à entrer, par crainte de la colère d’Etienne.

       J’imagine sa tête s’il nous avait vu batifoler nus comme des vers. Qu’aurait-il dit en nous voyant nous ébattre, le corps dépouillé de tout vêtement ce qui pour l’époque restait un acte de débauche et plus encore un péché devant Dieu, auquel venait s’ajouter un acte de désobéissance. L’ordre en effet, avait été donné de nous laver en culotte, ce qui rapidement ne fut plus de mise et c’est après le bain, pour écarter tout soupçon, que nous trempions malicieusement le vêtement dans l’eau.

       Terrain de jeu peu ordinaire que cette porcherie où chacun se découvrait à l’autre à présent sans gêne, sans honte. Drôle de salle de bain, drôle de récipient que cette marmite géante mais qui dans l’instant présent valait mieux que toutes les baignoires du monde. Attitude nouvelle pour moi qui, avant cette rencontre, n’aurait jamais osé me laisser aller à une telle démesure.

      Situation comique, mission pour le moins surprenante qui me fut confiée au pied levé et qui donna lieu à des scènes cocasses. Après avoir été gêné de découvrir le corps déformé d’Etienne, j’acceptai les libertés que nous prîmes sur le règlement. L’ordre d’entrée dans le bain était à présent dicté par Etienne. Quant à le prendre ensemble, ce ne fut pas possible, le chaudron n’était pas assez grand !

       Le monde dans lequel j’ai été éduqué rendait tabou la nudité à tel point que jamais je n’avais été confronté à la situation qui s’imposait à moi. Etienne qui, dans la chambre, s’était jusqu’alors déshabillé discrètement et toujours de façon à ne pas se montrer, se dévêtissait là sous mes yeux le plus naturellement du monde. Je crois bien avoir rougi par avance à l’idée qu’il allait falloir, à mon tour exécuter le geste final qui consiste à tout dévoiler. Peine m’en prit, mais je le fis, malgré l’intimidation que me causa le regard amusé d’Etienne !

      À partir de cet instant où par je ne sais quel effort j’ai pu assumer mon engagement devant lui, je me suis senti plus grand.

     Que dire de plus à part d’exprimer l’assurance qui venait de naître en moi et qui m’apparaissait comme l’évidence. A présent, sans pouvoir en expliquer le phénomène, j’étais devenu l’égal d’Etienne. Certes, il était toujours plus grand que moi, ses connaissances dans un tas de domaines dépassaient largement les miennes mais je savais avoir autre chose qui suffisait à mon bonheur. Ce sentiment que je vivais m’apportait de la force, mais qui n’avait rien à voir avec une puissance extérieure. Oui, avec ou grâce à la liberté que nous prenions à passer outre les consignes des Bastides et au-delà de son infirmité, nous étions devenus les mêmes. Je me voyais comme lui, sa différence me devenait abstraite.

 

                                                         Par le biais de l’image…

             Presque deux mois que nous vivons côte à côte avec pour ce qui fut les débuts et un vrai questionnement et beaucoup d’inquiétude sur ma capacité à pouvoir répondre aux obligations auxquelles j’avais à faire face. Cette mission, singulière à beaucoup d’égards, m’ouvrait un regard nouveau sur une relation au caractère pour le moins original. Je découvrais des tâches surprenantes et l’enfant que j’étais a du y faire face.

       La santé d’Etienne s’améliore de jour en jour, il va beaucoup mieux. Il ne manifeste plus de colère, liée au désespoir qui, certains jours, le rend effrayant. Il est devenu amusant et agréable à vivre. Le thème de ses discours a radicalement changé. Ils ne m’apeurent plus. A-t-il craint que je m’en aille comme je l’en ai menacé ? Rien n’est plus certain car il doit savoir que cela m’est impossible à cause de l’engagement que mon Père a pris avec sa famille. Non, Je veux croire au fait qu’il souffre moins et, d’autre part, qu’il apprécie ce que je fais pour lui.

      Par fort mauvais temps, le bétail restait à l’étable ce qui me déchargeait de mes obligations. Je me sentais obligé de passer la journée dans la chambre aux cotés d’Etienne qui, d’autre part, savait jouer d’arguments auxquels ma curiosité l’emportait à présent sans gêne et sans culpabilité. Je devais rester silencieux pendant qu’il travaillait à ses devoirs au point qu’il m’arrivait de m’endormir. Il prenait alors un coquin plaisir à me réveiller en me chatouillant les joues, se servant pour cela des photos de son catalogue au caractère original.

     Alors que les Bastides nous croyaient devant un livre de français ou à la révision d’un poème, Etienne, réjoui de me voir bouche bée devant une nudité provocante faisait défiler les exemplaires les plus explicites sur la manière de montrer l’interdit à l’enfant que j’étais. Il en décrivait les images avec des commentaires exaltés qui me laissaient envieux de son savoir. Encore inculte en la matière, je découvrais non sans surprise des détails de l’anatomie féminine qui n’était pas sans m’interpeller. Je prenais connaissance de ces illustrations avec une certaine émotion et un intérêt qui l’amusaient beaucoup.

      Etienne observait mes réactions et affichait un plaisir non dissimulé à me voir rougir devant ces filles aux seins plantureux. À une timidité que je voulais cacher venait s’ajouter la surprise de tout ce qu’elles avaient à offrir en plus de leur imposante poitrine gorge. Brutalité n’est peut être pas le mot exact, mais j’avais parfois le sentiment d’être agressé par les images que je recevais en pleine figure et dont la vitrine me submergeait. La mise en scène de leurs corps dénudés jusqu’aux moindres recoins faisait me poser mille questions. Elles avaient une manière de me dévisager qui m’obligeait à me ressaisir pour ne pas détourner mon regard. Une invitation à je ne savais quoi de précis me rendait méfiant au point de craindre de ne pouvoir me libérer de leur étreinte. Leur générosité et l’appel qu’elles me lançaient me déstabilisaient jusqu’à l’angoisse de ne pas savoir comment m’y prendre si, par je ne sais quel artifice, elles venaient à s’extraire de leur prison de papier.

     D’une connaissance jusqu’alors à peine effleurée, Etienne me faisait accéder à cet univers troublant d’un désir que l’on ne définit pas encore mais auquel déjà l’on aspire. Mon insuffisance, ma naïveté lui ont concédé le rôle de l’instruit, celui de l’éveilleur. Il avait à cœur de marquer sa différence dans un domaine où il me savait ignorant. Cet avantage l’a distingué, l’a rendu intéressant à mes yeux.

      Il me demande à présent de l’accompagner pour des promenades autour de la ferme. Investi d’une mission que je me suis attribuée, je l’entraîne à me suivre sur des distances plus longues. Je l’amène à se dépenser physiquement, à marcher au-delà de ce qu’il espérait faire. De jour en jour, son pas prends de l’assurance au point de pouvoir maîtriser un équilibre qu’il avait incertain à son arrivée . Manifestement, il est devenu heureux. Son regard est lumineux. Les cernes qui soulignaient d’un large trait noir ses yeux ont complètement disparu. Le changement est spectaculaire. Il est devenu volontaire et enthousiaste.

      Ce séjour en montagne a transfiguré Etienne. Son visage s’est débarrassé de la vilaine pâleur qui donnait à son regard un aspect mélancolique. Nos promenades au grand air lui ont redonné une allure dont il est fier.

Soudain le doute.

               Septembre touche à sa fin. Les premiers froids ont roussi les feuilles des coudriers. L’automne de cette année 1951 s’annonce précoce. La rentrée des classes va interrompre nos tête-à-tête, artisans d’une amitié complice. La compagnie d’Etienne me rend à ce point heureux que je refuse le principe de notre séparation. A toute évocation de son échéance, un vent de panique m’envahit. Je lutte avec acharnement pour chasser une évidence que je sais pourtant incontournable.

     Ce que nous avions réussi ensemble m’amenait à vouloir repousser une décision qui venait rompre l’attache affective qui me liait à Etienne. Je pestais contre le droit des adultes qui, une fois de plus, allaient décider pour moi.

     S’étaient-ils souciés à ce jour de savoir si j’étais apte à assumer la charge dont ils m’avait investi ?

Avaient-ils évalué les risques d’un échec, de mon incapacité à pouvoir gérer une situation pour le moins étonnante à confier au pied levé au jeune garçon que j’étais, à peine sortie de l’enfance?

    Je pense, depuis longtemps que ces questions ne les ont même pas effleurés, le temps ne laissait pas de temps au doute ni à d’hypothétiques méfiances.

   Aujourd’hui, alors que notre rencontre avait soudé les liens d’une affection profonde, les grands, sans état d’âme, et, sourds à mes suppliques, avaient déterminé qu’il était l’heure de nous séparer. Je ne voulais ou ne pouvais plus entendre les arguments de l’impératif scolaire, prétexte dérisoire au regard de ma douleur.

   Mon vocabulaire se trouvait démuni et ne pouvait exprimer la souffrance d’un mal que je découvrais. Je me sentais vidé de toute substance et privé de toute réaction. Etienne ne pouvait ignorer ma détresse mais il restait muet. Son silence venait aggraver un désespoir que je ne cachais plus. Il me manifestait des gestes d’affection, se voulait tendre et cajoleur mais il ne me parlait plus. J’aurais aimé de sa part, lui, qui s’était livré sans retenue, lui, familier des Bastides, qu’il fasse front avec moi contre cette décision cruelle. Qu’il prenne partie, qu’il me montre l’attachement, dont jusqu’alors il ne taisait pas le nom. Je fouillais son regard, cherchant en vain un indice qui confirmerait sa peine à nous voir séparés. Rien de charitable, rien de généreux ne venait m’apporter un quelconque secours. Rien ne filtrait de ses prunelles dont le noir s’était à nouveau obscurci.

  Insidieusement, un doute terrible venait s’installer en moi, chassant, pour m’en défendre, le sentiment très fort que je vouais à Etienne. Non, je ne voulais pas croire qu’il ait pu ainsi et tout au long de ces trois mois passés ensemble, me voler ce qu’il me devait en juste retour de ce que j’avais fait pour lui. Obstiné dans la quête d’une réponse, je cherchais à le toucher par des provocations. Je voulais trouver le moyen de lui arracher ce que je souhaitais entendre. En vain.

    Le moment de l’ultime séparation arriva sans que rien de sa part ne fût dit. Pas un seul mot de consolation ne lui sortit de la bouche. C’est alors que le vis s’avancer vers moi d’un pas assuré, et devant les Bastides, son père et le mien, il me prit dans ses bras de façon maladroite, presque avec violence pour me serrer très fort contre lui. Après des secondes d’un réconfort inavouable, toujours sans un mot, il lâcha son étreinte pour me regarder, pour se montrer tel qu’il voulait être vu. Des larmes, qu’il ne cacha pas et certainement qu’il fit l’effort de ne pas essuyer, me furent offertes en signe de réponse.

    Larmes d’une séparation qu’il me confessait douloureuse. Reconnaissance certes muette, mais combien explicite pour moi qui, depuis le temps, le connaissais dans toutes ses formes d’expression. Il me présentait là, celle absente de toute représentation théâtrale qu’il savait pourtant jouer à la perfection. Il était, lui, dépouillé de tout artifice. Je découvrais enfin, peut être, Etienne dans ce qu’il était au plus profond de lui-même. Un être qui se voulait hermétique à toute sensibilité pour ne pas s’attacher, pour ne pas avoir à endurer au-delà de ce qu’il vivait déjà comme souffrance. Mon obstination, ma persévérance à vouloir le comprendre, lui accorder une attention dont il ne croyait plus être digne, ont sans doute eu raison d’une résistance qu’il n’a pu maîtriser. J’ai lu dans ses yeux ce qu’il n’a pas pu dire, j’ai ressenti dans cette ultime accolade les bienfaits de son élan secourable.

    Etienne avait dressé jusqu’alors, un rempart devant des émotions qu’il voulait me cacher ou des sentiments qu’il s’efforçait de taire.

_________________________

 

 

De l'espoir à la déchirure racontera la fin de mon histoire avec Etienne.

        .........// Juillet de cette année 1952 approche et comme convenu avant de nous quitter  fin septembre dernier entre Etienne, les Bastises et mon Père, je dois repartir pour la ferme des Renards.

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