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le blog de marcel tauleigne
14 février 2016

(c) Il n'y a pas de Petit Luberon pour qui l'escalade à vélo!

Compte rendu…. d’une cyclo randonneuse !

 

 Avec Hubert dans le Luberon.

 

                 Pour me tester dans le dur, comme il se dit chez nous dans le midi, je suis chargée en ce jour d’été, de hisser mon partenaire cyclo au sommet du Luberon. Le petit, nommé ainsi par les scientifiques comme pour en minimiser vilement sa hauteur!

 

Le ''petit Luberon''

 

            Petit, allez le dire à d’autres. À ceux qui ne l’ont parcouru que sur la carte Michelin, sans connaître la signification de ce que représente les courbes de niveau caractérisant le dénivelé d'un terrain. Petit vous dites? Mais quelle injure à vouloir ainsi le rapetisser, lui, qui pour parvenir à sa cime, une corde à nœuds serait mieux adaptée que ne l’est la randonneuse que je suis.

          En effet, pour honorer mon contrat, j’ai du gravir des pentes au pourcentage proche de celui rencontré dans les cages d’escaliers. Si au terme de l’ultime ascension mon courage me valu une reconnaissance appuyée de la part de mon cavalier, les efforts pour le conduire au terme de son objectif me coûtèrent grincements de chaînes et torsions de mon squelette dans tout ce qu'il comprend de visseries!



Mon moment de repos!!

 Un repos bien mérité!

 

               Il fallait voir avec quelle hargne il m’appuyait sur les pédales pour que je ne reste pas scotché au macadam. Sa fierté à ne pas vouloir poser pied à terre, l’obligea à repousser à la limite du supportable, les crampes que l’acide lactique infligeait à ses cuisses. Au même rythme que son souffle s’accélérait, je l’entendais râler après son ami Hubert, qui, laissait-il entendre, l’aurait entraîné dans ce piège.....et à son insu, d'après lui !

        Taratata, de cela je n’en crois pas un mot, car quoi qu'il en dise le Marcel, comme le nomme Jules son petit fils, après le col du Pointu, quand on prend la route de la forêt des cèdres pour rejoindre Cavaillon, il n’y a plus d’échappatoire. À moins, cependant, de rejoindre la route basse en descendant sur Bonnieux, et ça, le Marcel, il le savait! J’en déduis donc que la victime, même si elle s’en défend, était bel et bien consentante.

                                                                          

Bonnieux

  

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            Ma venue dans sa famille de vélos en tout genre, a pour origine un goût de revenezi en direction de futures escapades qu'il envisage de faire dans son Ardèche, pour laquelle, il affiche un attachement particulier. Pour ce type de sortie, habituellement, il chevauchait sa randonneuse 650 de chez Valéro, mais le voilà aujourd’hui tenté par le changement. Tout d’abord en ajustant quelques modifications à mon équipement. En effet, pour la circonstance, le vétéran est venu au guidon plat et aux braquets des vététistes. Le premier élément est plus confortable pour ses vertèbres cervicales. Quant aux développements plus étagés, ils lui permettent de rester sur mon dos quant la pente se fait grave !

              Il faut dire que le bonhomme a vieilli, et s’il lui reste quelque appétence pour les randonnées, il sait devoir les faire avec cette raison tendant à la sagesse, qui je le dénonce, lui fait parfois défaut!

 

 Robion.jpg

 

 

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                        Chargée du transport de mon maître, Robion, dans le Vaucluse, fut en ce jour d'août, mon point de départ. Me voila, timide, en compagnie de l’équipage de son ami Hubert. Je veux parler de l’un de ces cycles conçus pour le long court avec éclairage, porte sacoches et autres accessoires qui en font davantage un vélo imaginé pour faire les courses ménagères que de la route. Cependant, les spécialistes sauront en apprécier la différence.    

              Je note pour lui rendre hommage, moi qui n’est encore rien fait de particulier et pour cause, car je suis nouvelle sur le circuit, que le cycle d'Hubert affiche à son compteur plusieurs raids internationaux. Vous pouvez à présent imaginer l’émotion qui fut la mienne quand au moment des présentations, son palmarès me fut évoqué. Pour faire court, il a franchi tous les grands cols des Alpes italiennes et suisses dans le cadre d’un Thonon-Trieste et d’un Thonon-Venise. Plusieurs flèches pascales, des traversées mer-montagne, les Pyrénées, les Alpes françaises, cela va de soi, des tours en Toscane, en Espagne etc..etc..

 

Hubert, mon compagnon de route

 Assis: Hubert, mon compagnon de route.

 

             De Robion, village blotti au pied du massif dont il est question d’en escalader la rudesse jusqu’à son plateau, l’approche se fait en empruntant un itinéraire vélo-route. Il s’agit d’un tracé constitué de toutes petites voies de circulation pas, ou peu pratiquées par les véhicules automobiles.

 

Oppéde le Vieux

Oppède le vieux

 

                      Une bonne partie du réseau dessert les hameaux, les villages qui s’accrochent aux pentes de la montagne, et auxquels on accèdent, circuits touristiques obligent, par des coups de cul à vous mettre à l’envers. Si le détour en vaut la chandelle, à entendre souffler mon cavalier, je comprends que la répétition des efforts puise dans ses réserves, lesquelles, il le sait, lui seront indispensables pour aborder sereinement l’assaut final.

 

 Clocher du hameau des Rigons

 

               Les Rigons, Oppéde le vieux, Lacoste sont les premières bourgades que notre route permet de longer ou de traverser. Dès sorti du périmètre de cette zone habitable, une piste goudronnée sur l'emplacement d'une ancienne voie de chemin de fer est aménagée au seul usage des cyclistes. Suffisamment rare dans nos contrées,  la route, enfin, nous appartient pleinement!

 

Le Chateau de Lacoste

 Le château de Lacoste 

                   Parenthèses : Depuis deux ou trois décennies, la venue dans ce coin de Provence d’habitants issus du monde de la politique, de celui du spectacle et de la culture en général, fait poser sur ces lieux un regard nouveau. Ils y ont amené une autre façon de vivre, de concevoir l’habitat, jusqu’alors pérennisé par le monde paysan qui sont les autochtones de cette région depuis la nuit des temps.

              C’est ainsi que Pierre Cardin a fait renaître de ses cendres le château du Marquis de Sade, tombé en ruines sur les terres de Lacoste, où à présent, chaque année se déroule un festival musical et lyrique devenu célèbre. Michel Lebb s’est appliqué à faire en sorte de redonner du lustre à l’église d’Oppéde le Vieux. Nombreux sont celles et ceux qui ont trouvé dans le Luberon un havre de paix et d’inspirations variées.

      Cependant je ne peux m’empêcher de faire allusion au revers de médaille qu'a généré la venue de cette galerie de gens célèbres aux portraits les plus divers. Je voudrais parler, mais je suis là hors sujet, de l’inflation du prix des terrains et des bâtisses qui met hors compétition les enfants du pays qui souhaitent s’installer auprès de leurs anciens. Ils ne peuvent pas s’aligner face à une concurrence responsable d’une spéculation aujourd’hui devenue déréglée.

Fin de parenthèse.

 

__________________________

 

              Le biset qui descend des Alpes et que l’on prend de face, me remet l’esprit en place et fait tomber à plat un agacement qui, sans crier gare, était venu clandestinement m’envahir. Que voulez vous, l'on ne se refait pas, d’autant que sur le sujet, je n’ai pas envie d’en changer ma raison.

        Ayant emprunté, sur quelques longueurs, la voie conduisant à Apt, Hubert me fait découvrir en contrebas de la route, un Dolmen qui rappelle une vie bien avant la notre et celle des artistes qui, pensent ils, peut être, laisseront également une trace de leur passé en Luberon en venant s'y installer!

 

Le Pont romain St Jullien

 

            Le pont Saint Julien, vestige Romain, réservé à présent uniquement aux piétons et aux cyclistes, nous permet de sauter le Calavon. La piste aménagée par le conseil général nous ballotte de ses petits ressauts. Elle longe, côté nord, le flanc de la montagne, qui faute de pente, étale ses derniers plis pour se confondre avec les accotements du chemin.

           Apt, ville du fruit confit par excellence, ouvre ses portes vers la voie des Alpes. Elle est traversée sans risque grâce au tracé spécialement conçu pour les deux roues mues, seulement, par la  force musculaire! La piste en direction de Saint Martin de Castillon se trouve à présent, en partie ombragée. Elle serpente dans une campagne où pousse la lavande, de nombreuses céréales et quelques vignes.

 

 St Martin de Castillon.

St Martin de Castillon. En fond: Le grand Luberon!

 

            La rigolade se termine quand nous laissons le chemin filer vers Céreste pour prendre la voie de communication qui monte vers les villages de Castellet et d’Auribeau. Rien de bien terrible encore, mais la difficulté surprend le promeneur dans lequel je m’étais installé.

 

 Fontaine-du-Castellet.jpg

 

               Ce début d’été est particulièrement chaud au point de faire la course aux fontaines. C’est à Castellet que j’ai, pour un temps, perdu la trace d’Hubert. Plus en forme et plus jeune que moi, il était parti à l’avant à la recherche d’un restaurant sans laisser, comme le veut l’usage, son vélo en vue sur le bord de la route !

          Les cyclistes connaissent les comportements que génère ce type d’incident : À savoir que celui qui se sent largué et ne repérant pas l’indice, se met à pédaler comme un dératé pour tenter de rejoindre son camarade sensé être reparti vers l’avant. Cependant la raison et l’expérience, ont fait que les retrouvailles s’opérèrent selon une logique qui veut qu’à un moment donné, l’instinct ou l’inconscient décide que le premier s’arrête pour patiemment attendre l’autre. La situation étant redevenue normale, quand on veut faire équipe à deux, Saignon fut désigné comme lieu pour notre demi-étape. Un restaurant fut enfin trouvé. Il se faisait temps, car sans avoir fumé la moquette, je commençais à voir des parpaiouns * faire la farandole devant mes yeux!



Saignon

  

Le village de Saignon

 

 Au resto à Saignon     

Je commençais à voir des  * Parpailouns!

 

_____________________ 

 

               Il en est fini de ce temps de repos et de restauration, l'objectif visé se trouve tout la haut. Un faux plat montant nous amène à la hauteur d’un long plateau duquel débouche la route venant d’Apt par le col du Pointu. À main gauche se dessine ce qui laisse préfigurer d’une bonne suée à venir. En effet, entre les arbres, au loin, une petite route se faufile en lacets étroits vers ce qui laisse croire à un sommet. Il s’agit en fait d’un leurre. Échappant au regard, d’interminables ressauts resteront à franchir avant d’en atteindre le bout, au prix d’un effort que ce qui me reste de sagesse réprouvera violemment.

 

 Le-col-du-Pointu.jpg

 

                Hubert, à une centaine de mètres se tenait à l’avant. Sans doute pour ne plus entendre mes jérémiades, mais également pour me garder à vue au cas où. C’est un briscard cet Hubert. Il me connaît. Il connaît le vélo, il en sent les choses.

 

 Dans la forêt de cédres

 

                  Après une multitude d’espoirs déçus, le sommet, le vrai m'apparaît enfin. Une magnifique forêt de cèdres du Liban en coiffe son immense plateau. Surprenant, compte-tenu que nous sommes encore en plein jour, à sa lisière, des sangliers font entendre d’inquiétants grognements. Ce gibier, pourtant chassé à outrance, continue de proliférer dans les collines de Vaucluse, causant d’importants dégâts aux cultures de maïs et de raisins en particulier.

             À présent, l’ombre des résineux et la fraîcheur qui s’en dégage, contribuent à me rabibocher. Je sais, pour en connaître le circuit du retour vers la voiture que ce dernier se fera sans avoir à forcer sur les pédales. 

 

                                                Dans le Luberon. Le sentier de la galère

À pédibus pour aller voir l'arc!



                     Par un crochet à l’intérieur de la sylve, Hubert m’entraîne sur un sentier pour y voir un arc, que les eaux glacières ont creusées dans la roche il y a……. d’années !

             Un grand spectacle champêtre, aux senteurs de sauvagine m’envahie à la fois par les yeux et le nez. Je suis heureux dans cette nature que l’homme, ici, n’a pas encore saccagé.

          Pour le plaisir de l'anecdote, je ne peux pas passer sous silence l'oeuvre originale qu'avec surprise l'on découvre au détour du dernier virage avant d'atteindre le plateau. Il s'agit d'une tour quadrangulaire commandée en 1885, par Philippe Audibert, sculpteur de son état et habitant de Bonnieux.

           Ce monsieur, pour le moins original,  éprouvant le besoin compulsif d'avoir la mer à portée de sa vue, y fit construire cet édifice qui lui valu de passer pour un fou !

 

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 La tour dite : ''du fou''.

À noter pour celles et ceux qui voudraient faire l’ascension par Vidauque :

 

          *  Délaissé par les services de l’équipement, abîmé par le va-et-vient des troupeaux de moutons, qui eux sont là pour garantir l’entretenir de la montagne, le revêtement n’est plus carrossable pour un vélo monté sur des petits pneus. Dans ces conditions, la pente à près de 20% par endroits, parfois, nous amena à devoir descendre de nos montures.

* Parpaouns: Parpailloles, petits papillons.

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