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le blog de marcel tauleigne
21 février 2016

(c) Aboicriture !...

 

Bonjour maîtresse,

                             

Dossier-rallonge 0951[1]

 

                          C’est, mais tu sauras me le pardonner, de ma patte un peu maladroite, que je t’écris de la pension à laquelle tu m’as confié. En effet, et sans que cela soit une véritable surprise pour moi, je me retrouve depuis ce matin hors de mes lieux habituels.

       Tôt, le jour à peine levé, c'est le coeur serré que j'ai entendu le chahut qui a précédé ton départ. J'espérais, j'attendais secrètement ta venue pour une dernière visite. Certes, la veille, à la porte de mon local où tu m'as accompagné pour la nuit, j'ai bénéficié d'un surplus de tendresse de ta part. Tes accolades m'ont rassuré quant à la tendresse avec laquelle tu me cajolais, mais j'en aurais voulu davantage encore. Aujourd'hui, avec le recul, et compte-tenu de la relation qui nous unit, je peux comprendre ta difficulté à devoir vivre des au-revoirs qui n'en finissent pas. Certes, je suis encore un jeune chiot, mais pas sot au point de ne pas avoir compris la situation qui allait, pour un temps nous séparer.

                                 Comme tu l'avais prévu en vue de ton voyage, je suis logé chez ce couple d’humanoïdes, où, par le passé déjà, tu m'avais confié. Le détail est important, il me rassure quant à la relation que je leur connais à mon égard.

 

 3

 

           Tu sais, Mamou, j’avais beau m’y attendre, mais cela me fait tout chose d’ouvrir les yeux dans une maison sans le tumulte habituel du réveil en fanfare de tous les membres de ta tribu. Ce matin, sans toi, je suis comme un orphelin. J'en avais oublié état, ce sentiment qui rend triste, qui me fait des boules dans l’estomac. Qui fait que je me sens perdu. Je sais que je ne devrais pas t’écrire tout ça, mais je ne peux m’en empêcher. Après tout c’est ce que je ressens au plus profond de moi et autant que tu le saches.

       De mon nouveau logement, petit à petit les discours que tu me tenais ces jours derniers avec un timbre que je ne te connaissais pas, trouvent leur place dans ce qu'il est convenu d’appeler ma tête de chien. En effet, le ton n’était pas celui des jours ordinaires où tu me laisses pour conduire à l’école ou à leurs activités, ceux que tu appelles familièrement tes enfants. Il n’était pas le même que celui m’expliquant tes absences passagères. Non, il sonnait d’un autre accent.

        Depuis quelques temps déjà, je reniflais chez toi un changement d’attitude à mon égard. Non pas qu'habituellement tu manques d’attention à mon adresse, mais le détail ne m’a pas échappé. Tu te faisais encore plus câline qu'à l’habitude. Bref, je ne te trouvais plus la même. Je n’allais pas m’en plaindre après tout, les caresses ne sont pas faites que pour les humains. Cependant, et sans être devin, je flairais ce type de débordement comme une manigance me laissant pressentir que quelque chose aller se passer.

 

 5

 

        Tu me parlais à nouveau comme si j’étais un tout jeune chiot alors que j’ai grandi. Tu m’expliquais qu’il allait falloir que je comprenne que dans la vie......., il y a parfois des situations que tout chien doit pouvoir entendre. Avec un vocabulaire choisi, sans cesse tu cherchais à vouloir te justifier. Tu développais un discours, dont la subtilité me passait largement au dessus des oreilles. Je revois ta bouche en cul de poule me déroulant des propos tournant autour du pot, pour différer ce que tu vivais sans doute comme une décision qui t’était douloureuse à prendre. Ce sentiment à mon endroit t’honore et je t’en fais compliment par quelques aboiements se voulant de tendresse.

       ton départ, je vis donc cette expérience de chien pensionnaire. De chien devant essayer de déchiffrer le type de fonctionnement de mes nouveaux maîtres. Devant trouver comment donner le change afin de ne pas passer pour un ingrat auprès de mes accueillants. Ceci dit, je n’ai pas à me plaindre de mon sort car dans la rubrique des chiens délaissés, je lis des choses horribles à leur sujet. Foule d’événements les concernant me font froid sous les poils. Combien de mes frères et sœurs sont lâchement abandonnés dans la campagne ou laissés sur les aires d’autoroutes en période estivale par des vacanciers sans scrupule. Combien d'entre eux courent désespérément après la voiture dont ils viennent d'être éjectés sans ménagement, dans l'espoir que le repentir en fera stopper le coupable. Savoir par ailleurs que ces mêmes personnes, reprenant  leur vie familiale et professionnelle les congés terminés se croient respectables me hérisse le poil d'indignation.

          Non, mon sort reste enviable et de plus il me fait découvrir la vie autrement. D’ailleurs, avant de continuer mon aboiecriture et pour te rassurer sur ma condition, je tiens à te dire que les personnes qui s'occupent de moi le font avec gentillesse et me traitent correctement.

       Dans la maison où je suis hébergé ils sont deux, un mâle et une femelle. Le mâle est le plus âgé. C’est lui qui est venu le lendemain de ton départ me retrouver à notre maison où j’ai passé la nuit. Il m’a conduit pour un quart d’heure de promenade comme convenu avec toi. Puis, comme tu m’en avais averti, il devait repartir chez lui et ne devait revenir que le soir pour me reprendre en charge, me faire manger et puis…. tout le reste.

        Donc, et selon l’entente me concernant, après ma sortie de mise en forme pour la journée il devait me mettre dans mon enclos où je devais y rester jusqu’au soir dans l’attente de mon second repas et de ma promenade tardive. Pour les nuits, c’était d’accord, je devais les passer à garder la maison.

       Tout ça, je l’avais bien capté, mais tu comprendras que l’isolement dont j’allais être condamné durant la journée n’était pas fait pour me satisfaire. Tout en faisant semblant d’acquiescer à tes recommandations, sans mot dire pour que tu ne sois pas en colère contre moi, mon imagination m’aiguillait vers une recherche visant à en modifier les plans établis. Chercher une faille dans l’organisation est alors devenu mon cheval de bataille. Je me devais de trouver la fêlure qui changerait le cours des choses,  la lézarde à saisir comme opportunité afin d’amener l’homme à penser autrement,  à aller contre l’ordre que tu avais établi. À priori ton raisonnement était louable car il voulait épargner d’un maximum de contrainte mes nouveaux maîtres, mais pour moi cela m'était insupportable.

        J’avais imaginé plusieurs scénarios pour inverser le cours des choses. Cependant ma recherche ne fut pas longue. Dés les premiers instants de notre rencontre, mon œil et mon nez ont repéré la faiblesse de l’homme sur laquelle il fallait que j’insiste. Je ne l’ai pas vu à l’aise dans le rôle qui lui était demandé de jouer. L’idée de devoir me laisser sans les attentions qui me sont habituellement portées par toi et tes petits le rendait malheureux. Ces choses là, un chien les sent.

        De mon côté, je me suis appliqué à tenir les promesses dont tu m'as donné conseil. Pour ma balade de santé, la consigne d’accepter la laisse sans rechigner, je l’ai tenue sans la moindre opposition. Bien informé sur la sensibilité du personnage, je ne me suis pas privé de jouer le grand jeu et d'en rajouter dans le registre des mamours.

        Ma détermination à vouloir obtenir ce qui restait prioritaire pour moi, c'est dès le premier retour de ma sortie promenade que je mis en route le projet de ma manigance. D’instinct ou de malice, je ne saurais te le dire, je me suis mis à l’arrêt devant l’une des portières de sa voiture. Je l’ai entendu marmonner un discours à peine balbutié.

         Bien qu'inaudible pour moi, je me sentis concerné. Restant fidèle à ma marche à suivre, je suis resté planté devant son véhicule comme un santon. Saisissant le moment opportun, j'ai ensuite sorti mon jeu consistant à diriger vers lui ce regard que tu me connais et avec lequel souvent je te fais craquer. L’homme, je le remarqua fut touché au cœur par mon œil implorant. Mon regard faisant office de sésame fit s’ouvrir l’auto dans laquelle il ne fut pas nécessaire que l’on m’y poussa pour y monter !!!. L’homme était vaincu. L’idée de me laisser pendant des heures avec pour seul compagnon un chagrin que je ne lui cachais point, suffit à lui faire baisser pavillon.

 

4

 

           À partir de ce jour, comme un rituel que j’orchestre d’une patte de maestro, tous les matins je rejoue ma scènette de chien déprimé ce qui dorénavant m’assure de cette attention particulière.

         Cependant, au matin du second jour en voulant jouer au malin, un moment d’égarement a failli tout foutre en l’air. Après m’être assis sur son ordre et après avoir croqué le biscuit pour m’en remercier, la fantaisie me prit de me barrer en courant avant que mon nouveau maître n’eut le temps de me passer le collier pour ma promenade. Je ne te dis pas tout ce que j’ai entendu. Disons pour rester poli que je me suis fait gronder fort. Heureusement pour moi, l’homme n’est pas rancunier. Après le sermon de circonstance, je fus invité à monter dans sa voiture. Cependant un détail me mit la puce à l’oreille quant à la leçon qu’il a voulu me faire entendre. En effet, c’est dans le coffre et non sur un siège que je fis la route pour rejoindre son chez lui!

 

 Dossier-rallonge 0962[1]

 

             Sur le chemin de ma promenade, ce matin j’ai eu droit au cinéma de celle qui veut faire copine avec moi. Oui, tu la connais, c’est cette jolie chienne habillée d’une robe noire et blanc qui me fait du gringue depuis quelques temps. Bien sur qu’elle me plaît, mais depuis que tu es partie loin de moi je n’ai pas le cœur à batifoler. Je fais des efforts pour ne pas lui être désagréable et afin de ne pas compromettre, pour les jours à venir, l’espoir d’une conclusion heureuse à notre histoire. Elle ne comprend pas qu'en ces temps où je ne tourne pas bien rond elle me barbe. Je fais semblant d’être fringuant, mais je te le dis maîtresse, le cœur n'y était pas!

 

 

 IMG_0963[1]

                                         

          Déjà beaucoup de temps passé sans tes mamours à toi et ceux de la petite fille qui m’appelle Ninou. Je ne veux pas te faire culpabiliser, mais dis moi, c’est quand que tu reviens ? Je sais que tu es partie sur un grand oiseau et je me fais du souci quant à savoir s’il va retrouver le chemin de ta maison.

         J’occupe mes journées pour moins languir. Des jouets ont été mis à ma disposition, un ballon et des peluches me permettent de me distraire. Une très vieille dame, que je n'avais pas remarqué au tout début de mon arrivée dans cette maison, passe son temps à me faire des discours au point de penser qu'elle me prend pour un autre. Elle me donnait, par ignorance, mais au détriment de ma santé, quantité de sucre en  récompense de ma patiente à l'écouter au point de devoir lui cacher le..... sucrier...

         Afin que je ne me sente pas exclu de leur quotidien, rapidement j’ai eu la permission de rentrer dans leur grande niche, car ici la chaleur y est caniculaire. J'apprécie le bénéfice de la fraîcheur du carrelage sur lequel je m'étire de tout mon long. J’ai droit à plein de gâtés et tous les trois font en sorte de m’adoucir ton absence.     

 

 6

 

      Je ne te fais pas plus long pour aujourd’hui. J’espère pour toi et la petite meute qui constituent ta famille, des vacances agréables. Je vous attends avec l’impatiente de l’attachement que je vous porte. Cette séparation me fait prendre conscience de l’importance que vous représentez pour moi. J’espère également vous  manquer un peu, ce qui devrait m’assurer d’un capital indulgence lors des quelques sottises que je commets encore de temps en temps... 

Je vous aime et vous fais plein de lippes.

Fonzy

 

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