(c) En passant par le château du Marquis de Sade!
Au départ de Saumane.
Le château du Marquis de Sade à Saumane, en Vaucluse.
Le village de Saumane est situé dans les Monts de Vaucluse. Il était antérieurement appelé Somanna ou Saumanna et aurait pour étymologie, sommet (som) ou ânesse (sauma). Le site comprend de nombreuses grottes qui étaient habitées bien avant l'ére Chrétienne.
Le château du Marquis de Sade à 84480 Lacoste.
En période estivale, vous pouvez désormais visiter les appartements du Marquis de Sade et découvrir des meubles de la collection privée de Pierre Cardin, des œuvres d’art contemporain sélectionnées par le couturier et admirer de superbes vues depuis les terrasses du Château sur la vallée du Calavon.
Pour l’histoire d’une émancipation qui lui valu mille tourments, un certain Marquis de Sade résida à Saumane dans un château appartenant à l’un de ses oncles, où, selon les ragots de l’époque, il s’y faisait quelques expériences dans le domaine du libertinage et de la débauche coquine, si vous voyez ce que je veux dire...
Donatien Alphonse François, marquis de Sade est né en 1740. Il est le fils d’une grande famille, dont le père Jean Baptiste, comte de Sade, était Seigneur de Saumane et de Lacoste, et Coseigneur de Mazan. De nombreuses propriétés et châteaux, sis en Provence, sont accolés au nom des Sade, dont le musée Calvet en Avignon.
Il n'existe aucun portrait authentique du Marquis de Sade, y compris ce profil qualifié de « portrait supposé », dessiné par Charles Van Loo, vers, 17701.
Sur les 74 ans que dura sa vie, celui à qui l’on attribue l’origine du mot sadisme, passa 27 ans privé de liberté, soit en prison et à la Bastille pour une part, soit à Charenton dans la célèbre maison pour fous où il mourut. Il doit une partie de cette sanction à un certain Bonaparte et aux Papes avignonnais, moralistes pour raisons politiques !
Le marquis de Sade qui s’éteignit en 1814, reste toutefois un philosophe reconnu à la pensée sans tabou et un écrivain dont le style dérangeait l’hypocrisie d’une bourgeoisie voulant nier tout talent à un homme qui livre son intimité !
___________________________________
À présent, c'est parti, nous marchons...
Michel, le Parisien dont je parle dans mon récit ‘’D’un moulin à l’autre’’, était, pour ce 27 février 2011, le guide suprême du groupe des Galéjaîres de Barbentane. Pour la traduction, les Galéjaîres sont des conteurs, des amuseurs, des taquins également. Le choix de ce départ ne lui fut pas discuté, peut être pour les histoires croustillantes qu’il laissait augurer !
La curiosité, peu après le départ, fut de voir un oratoire planté à la croisée des chemins. Une Madone logée dans son habitacle, l’air compatissant, accueille la colonne des pèlerins qu’elle croit sans doute avoir reconnu comme étant les disciples repentis de l’ancien locataire des lieux !
Le groupe....en prière!
Pour la photo, par politesse, par dévotion pour certains, une halte est faite au pied du monument. Sur des plaques de marbre, en langue provençale, un discours nous est écrit sur l’origine de cette Piété. Il se veut rassurant, ce qui nous engage à partir pour notre croisade a travers les pins, les chênes verts, le thym et autres senteurs dont parle Gilbert Bécaud dans sa chansons: Les marchés de Provence.
IL faut enfoncer les bonnets... au risque de les voir s'envoler!
Habillés de tout ce qui peut tenir chaud, nous voila partis sur un chemin de pays qui conduit en direction d’un sommet pierreux. Il sera le point culminant de notre randonnée. Un vent violent et froid perturbe notre marche. Il s'agit du phénomène météo appelé ici le Mistral noir. Ses rafales arrivent à pénétrer les vêtements au point d'en atteindre la peau. Les nuages chargés de résidus neigeux qu’il pousse en provenance des Alpes, assombrissent le ciel au point de le boucher. Le sentier, dont la pente est sévère, se gravit lentement. Sur les tronçons découverts, Éole, démoniaque, nous bouscule à la limite de nous coucher au sol. Le paroxysme est atteint à l’approche de la vigie où des bourrasques avoisinant sans doute cent à l’heure, mettent à l’épreuve un équilibre que l’on a du mal à maîtriser.
La vigie. Là, le vent est à plus de 100/kh
La situation m’amène à préciser que dans ces conditions, les hommes, pour leurs arrêts pipi ont intérêt à prendre en compte la direction du vent. Je conseille en effet, par expérience et pour limiter une prise de risque, un positionnement vent favorable qui de plus, donne l’impression aux septuagénaires du groupe de pouvoir encore pisser loin !
Sauvés, la descente sur Valescure s’opère sur un versant presque au sud. L’abri qui en découle est le bienvenu, alors que la traversée d’éboulis met Pierrette en difficulté. Elle, qui sans encombre nous arrive d’un périple aux Indes, la voilà scotcher devant un monticule de gravillons et de sable ! Et pendant ce temps, le Michel en question, chevalier servant de la Dame, il faut que vous le sachiez, caracolait en tête. Normal dirent certains, puisqu’il est le meneur, mais tout de même !! Heureusement que Daniel, pressentant le risque d'une chute possible restait dans ses pas au cas où..... Était-ce une entente avec le Parisien ?. Mais...., cela ne nous regarde pas !
Attention...ça glisse et de plus, le vent bouscule les carcasses !
Les ruines de la ferme de Valescure avant réfection.
Valescure en réfection.
Valescure est une propriété de 240 hectares nichée dans un vallon. Elle a été rachetée par la commune de Saumane qu’elle sauve petit à petit de la friche et de la ruine pour ce qui est des bâtiments. L’endroit est superbe, un coin en dehors du couloir venteux est choisi pour le pique-nique. Je surprends notre guide qui lève le verre de la satisfaction, devant son Indienne retrouvée. Le coup de fourchette des marcheurs est vaillant. Le cœur est à la fête devant cette nature qui s’offre en spectacle. Le soleil revenu et le vin, au delà d'apaiser la soif, remettent en route le réchauffement des corps que le froid avait engourdi.
Le pique nique pris à l'abri du Mistral.
J’aime entendre le vent lorsque j'en suis à l'abri. J'aime, après un repas, aussi frugal fut-il, m'allonger sur un lit de feuilles avec mon sac à dos pour têtière. J'aime, à l'écart du groupe, partir vers mes ailleurs où vivent mes souvenirs, où naissent mes projets.
Une belle calade
Le retour se fait sur des chemins que l’homme a empierré voici des siècles. Des murets de pierres sèches en bordent la limite. La campagne, encore endormie semble vouloir profiter d’un supplément de repos avant d’être assaillie par les grosses chaleurs de l’été et le vacarme des touristes.
Mur monté en pierres sèches, particularité des lieux.
Encore une journée mise à profit pour partager un plaisir qui ne coûte que l’envie de vouloir. De vouloir être heureux avec pour seule richesse une paire de chaussures, quelques vêtements chauds, un sac à dos, une petite dose de courage pour affronter la froidure. Encore une journée à saisir l’occasion d’être ensemble. Encore, encore, et surtout la chance d’une conscience convertie à la valeur des bonheurs simples.
Dans le haut du village que nous gagnons dans un dernier élan, les grilles du château du Marquis de Sade sont fermées. Quant aux murs de sa grande carcasse, ils sont restés gardiens de leurs secrets, malgré les sollicitations de ceux, qui encore aujourd’hui, cherchent à les faire parler !
Une vue du château du Marquis de Sade de Saumane en Vaucluse.
____________________________________