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le blog de marcel tauleigne
29 février 2016

(c) 2. **** À propos du sport cycliste. Changement de cap...

                                                                  

Changement de cap.

                                                                                          

                                      Nous sommes au tout début des années 1972. L’arrivée d’un nouvel élément dans notre équipe de travail, marquera mon changement d’opinion et de pratique en matière de sport cycliste. Le garçon représentait l’archétype du cyclotouriste et sur les couraillons de mon espèce, il pouvait tenir un discours sans complaisance. Cependant, et bien que bousculé par ses propos, son expérience dans une autre façon que la mienne de faire du vélo, attira mon attention.

      Malgré nos divergences sur le sujet, nos moments de poses étaient souvent consacrés à nos activités cyclistes respectives. Je l’écoutais me parler de ses randonnées sur plusieurs jours, de brevets cyclos-montagnards dans lesquels figuraient l’ascension de grands cols, deux, trois, voire plus dans une seule journée. Ses commentaires me fascinaient, me rendaient presque incrédule devant ce type d’exploits, sans pour autant douter de lui.                                                                                                       

Avec Roger

 En casquette bleu, Roger, mon maître en cyclotourisme.  

 

                          Jamais, jusqu’alors, je n'avais abordé à vélo ce qu’il est convenu d’appeler la haute montagne. Pour avoir suivi, dans ma toute jeunesse, les exploits de Jean Robic, de Charly Gaul, de Fréderico Bahamontés, de Van Impe, je rêvais alors de pouvoir accompagner ces forçats de la route à travers les forêts, plus haut dans les rochers et la neige, dont l'acôtement de la route du Galibier ou de l'Iseran en montrait encore, certaines années, une épaisseur impressionnante. J'enviais ces escaladeurs dont les reportages, déjà faits par la télévision, les présentaient au milieu de paysages superbes. Ce sont eux qui ont éveillé cet appétit, qui anime en moi ce besoin viscéral me poussant encore, mais difficilement aujourd'hui, vers la conquête des cimes.

          Je faisais encore quelques courses dans la catégorie des cyclo-sportifs, mais mon esprit, dorénavant, voyageait de plus en plus avec les cyclotouristes et l’image que Roger me donnait de leur discipline. 

           Les premières sorties avec lui se firent dans les monts de Vaucluse, le col de Murs, le col de la Ligne, le col de la Chaîne et bien d’autres. À l’époque, je roulais sur un Peugeot et lui sur un Routens 650, fait sur mesure.... s’il vous plaît. Je découvrais ce qu’était une randonneuse et le tempo du cycliste au long cours. Rapidement, faire soixante kilomètres le nez dans le guidon m'apparut dépassé, voire stupide. Ce raisonnement m’aida à mettre un terme à ce que fut ma carrière de compétiteur effectuée à l'occasion de courses locales, de fêtes de villages et de leur vire-vire sans grand intérêt touristique..

 

 

big_col_de_murs 

DSC02829 Passage au Col de Murs

Dans le col de Murs. Photos empruntées.

 

            Sur les conseils de mon jeune maître, j’ai, dans un premier temps, fait équiper mon coursier d’un tri-plateaux. Indispensable aménagement pour avaler, en souplesse, nos cols des Alpes, des Pyrénées et d’ailleurs. Dans les années qui suivirent, une randonneuse 650 vint faire de moi un honorable cyclotouriste. Avant cela, dans les rencontres organisées par les comités fédéraux, j’étais montré du doigt comme un intrus par les irréductibles briscards de la pratique.  

          Oui, Mesdames et Messieurs, compagnons de mes débuts parmi vous, mon vélo sans sacoche, sans ses pneus larges, dépouillé de tout ce qui à vos yeux en aurait fait un vrai baroudeur, était, lors des arrêts de pointage ou de ravitaillement, à ranger loin du parc réservé à vos nobles montures. En effet, certains parmi vous, ne ménageaient pas leurs quolibets à mon égard et ne se gênaient pas pour dénigrer ma tenue vestimentaire, comme faisant tache au regard des vôtres. Mon maillot et mon cuissard, pièces de l'équipement de mon club sportif portant des marques publicitaires, étaient pointés du doigt par les puristes en chemisette et en short. Les ségrégationnistes de l'époque, ceux qui à mon tour je vise gentiment dans mes propos, étaient en général des personnes d'âge mur et appartenant à un monde qui se voulait à tout point différent de celui duquel je venais. Lié à cet état de fait, il existait une fracture évidente qui séparait, en premier lieu, les fédérations régissant ces deux pratiques cyclistes. 

      Celle des coureurs et celle des cyclotouristes appartenaient alors à deux genres différents. Je découvrais un univers totalement nouveau pour moi. Tout changeait. J'ai du revoir la façon de me préparer physiquement. Je ne partais plus à l'entraînement pour faire une distance précise à fond, mais pour aller au delà de la centaine de kilomètres sur un rythme allant crescendo. Nullement besoin de faire un échauffement, sachant que le départ des épreuves, en cyclotourisme, ne se fait pas dans l'esprit de faire une quelconque sélection. Au fil des kilomètres, naturellement des groupes se forment et une fois l'expérience acquise, il est aisé de trouver celui dont l'allure saura vous convenir.     À part dans les ascensions difficiles, les pelotons sont animés par les conversations entre randonneurs qui se retrouvent d'une année sur l'autre à l'occasion des grands brevets. Il ne s'y entend pas parler de moyenne ou de place acquise dans telle grimpée ou randonnée, mais de sites traversés, visités, de cols mythiques escaladés à partir de chemins muletiers.

              C'est ainsi que je découvris comment faire du vélo autrement. Comment appréhender le cyclisme sans pression particulière, si ce n'est celle de se savoir capable de rallier un point à un autre. C'est ainsi que j'ai appris à voyager entre copains, entre amis, en comité restreint et sur des itinéraires choisis pour leurs attraits à la fois sportifs et d'intérêts culturels, par ailleurs.

            Pour ce début de changement de cap, le parrainage et les conseils de mon ami Roger me furent  précieux. Il furent réconfortant à certaines occasions, où chahuté par ses collègues, mon humour manquant sans doute d'ouverture, me conduisait à ne pas comprendre la subtilité de leurs plaisanteries. Le bouchon poussé parfois trop loin, me rendit réticent à vouloir leur tendre une main franchement amicale...

      Ayant appris à faire abstraction des préjugés, au fil de nos sorties, je prenais positivement conscience des différences qui caractérisent ces deux pratiques du vélo. J'en intégrais les valeurs et en entendais d'une oreille plus complaisante, ce qui me dérangeait encore chez certains d'entre eux....   

       

______________________

        

                           En cyclotourisme,  l'itinéraire est celui que l'on se trace. L'allure est celle que l'on se choisi. Elle peut être sportive, mais sans contrainte d'horaire, ni de jour d'arrivée par exemple. À l'exception de certains brevets fédéraux ou épreuves servant de test pour avoir le droit de participer à Paris-Brest-Paris ou encore Bordeaux-Paris par exemple, rien en cyclotourisme n'interdit de participer aux manifestations inscrites aux calendriers de la fédération.... si l'on est détenteur de la licence cyclo. À noter que pour les manifestations locales, depuis quelques années, les choses ont changées. Moyennant un sur-coût à l'inscription,..... tout le monde peut y participer....                                                                           

                                        Le cyclotourisme reste une façon permettant de tester son endurance à l'effort, ses aptitudes de grimpeur, de se faire plaisir sur ses terrains de prédilection. Mais ce n’est plus une course contre des adversaires, mais une confrontation entre soi et la pente. Contre et avec cette route de montagne qui grimpe en lacets. Si compétition il y a, et c’est humain, elle revêt un caractère qui reste bon enfant. Dans ces conditions, souvent non préméditées, le premier arrivé au sommet attend les autres, ou, et c’est dans l’esprit cyclo, il redescend à la rencontre de ceux qui ont une allure plus lente pour remonter avec eux. Pour les accompagner dans leur ultime effort.

       Le cyclotourisme est une manière de voyager peu dispendieuse. Il m’a permis de faire des dizaines et des dizaines de  milliers de kilomètres au sein de petits groupes où les compagnons sont choisis. Il m’a nourri de mille souvenirs glanés sur les routes de France, d’Italie, de Suisse, d’Angleterre et d'ailleurs ou, plus modestement, pour y faire quelques retours en arrière, et fouler à nouveau les terrains de mon enfance.

 

 

numérisation0003 

 1984. Visite souvenir à la ferme de Chevalet, près de La Croix de Bauzon. Ardèche.

J'y fus vacher de 1949 à 1951, durant les trois mois d'estive.

 

           Dans les Alpes, le col du Parpaillon, 2637 mètres d'altitude, par Sainte Anne la Condamine et son tunnel mythique. Route goudronnée sur seulement quelques longueurs. La piste s'élève de 1400 mètres sur une distance 18 kilomètres pour terminer dans une ambiance minérale de haute montagne. Long trou noir dans la montagne, passage ancestral qui permet de relier la vallée de l’Ubaye à celle de la Durance.

 parpaillon_1

  

 Rencontre pendant l'ascension du Parpaillon. Photo empruntée à l'album de Cathy. 

 

 parpaillon_4 

Enfin...L'entrée du tunnel. Photo empruntée à l'album de M. Lerouge.

 

      Le col de la Lombarde côté Italien avec, en son milieu, le monastère de Santa Anna et le son de ses cloches qui vous accompagne par vent favorable. 

 

DSC04854 

 

Dans la Lombarde, côté Italien. Photos empruntées.

 

 DSC04862 (1)

 

 Le monastère de Santa-Anna. Photos empruntées.

 

DSC04857

 

 DSC04856

Pélerin qui passe à pied, marque ton chemin avec des pierres.

Tradition du "Chiapiret''. Photos empruntées.

 

                   La traversée des Dolomites, l’ascension des Tri-Cimes et sa pente à plus de 20% par endroits, ça..... c’est du souvenir....

 

Piste_qui_monte_au_Col_dei_Bos (1)

Vers les Tri-Cimes. Photo empruntée.

 

 

       Et la, je ne vous parle pas du Mont-Ventoux, gravi 104 fois en ce jour de 2014. Ce géant de Provence où tous ses virages me sont devenus familiers. 0ù chacun d'entre eux me renvoient à une histoire, une galère, un bonheur...

 

 

Ventoux

 

 

       Le cyclotourisme ouvre des perspectives nouvelles quant à l'autre façon d'aborder le cyclisme. Une façon de rouler qui m'a fait découvrir la liberté du choix de mes itinéraires. Un esprit d'indépendance, où chacun des membres d'un groupe peut prendre la liberté de faire des photos, de s'arréter pour un besoin personnel. Ses camarades de route sauront faire en sorte de ralentir leur allure pour qu'il puisse les rejoindre .

     Je ne renie pas mon temps passé à vouloir faire semblant d’être coureur. Je regrette cependant de ne pas m’être fait convertir plus tôt à ce sport convivial. 

Prochainement: Ordonnance pour un ''cyclopathe ''

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